Les animaux au Moyen Age en Occident

Mise en contexte
Michel Pastoureau nous rapporte que l'histoire des animaux de manière générale est souvent mise de coté par les historiens. Ce manque d'intérêt était encore perceptible à la fin des années 1960 et l'histoire animalière ne sera mise à sa juste place qu'avec quelques grands historiens comme Robert Delort et son ouvrage « Les animaux ont une histoire » paru en 1984. Car selon lui la vraie place de l'histoire des animaux n'est pas au second rang. Il met en avant l'intérêt des relations entre les hommes et les animaux car ces derniers sont omniprésents au Moyen Age dans différents domaines fondamentaux comme l'économie, le christianisme, la sociologie et la symbolique.
L'homme médiéval avait en effet une perception totalement différente des animaux que celle que nous avons aujourd'hui. Il y avait deux façons de les considérer.
La seconde, minoritaire, s'interrogeait au contraire sur de possibles points communs entre animaux et hommes à la lumière de la théologie chrétienne car selon eux les hommes et les animaux appartenaient à une même communauté: la communauté des êtres vivants. Il y eut également des débats quant à savoir s'ils ressuscitaient également, et s'apercevant qu'ils rêvaient, des débats quant à savoir s'ils pensaient. Cette vision eut un impact sur la conception des animaux dans les mentalités car ils pouvaient être considérés comme responsables de leurs actes, au même titre que les hommes. En témoignent les procès d'animaux qui apparaissent dans le seconde motié du 13ème siècle et qui se déroulent sur le modèle d'une procédure par enquête. Michel Pastoureau compte une soixantaine de ces procès entre 1266 et 1586 en France mais cette situation peut être généralisée à l'Occident chrétien. Il existe trois types de procès contre les animaux :
1. Des procès criminels d'animaux accusés de meurtre ou d'un autre crime.
2. Des procès plus collectifs d'animaux nuisibles à une communauté en particulier, comme par exemple le sanglier qui ravage les cultures.
3. Les procès renvoyant à une complicité entre un homme et un animal.
Enfin, il faut savoir que des notions telles que"mammifères" étaient inconnues au Moyen Age Les animaux étaient le plus souvent classés selon cinq catégories, héritées de l'Antiquité :
- les quadrupèdes
- les poissons
- les vers
- les serpents
- les oiseaux
Ces valeurs que l'on attribue sont principalement fixées à partir de la Bible qui fourmille de références et de comparaisons aux animaux. Les animaux qui ne sont pas présents dans la Bible ne sont, en principe, guère envisagés. Ceci explique l'absence de la girafe. Toutefois les auteurs de bestiaires n'hésitent pas à en emprunter aux héritages grecs, romains et même "barbares". Ainsi le cygne, animal absent de la Bible, peut aussi se voir attribuer des valeurs morales.

La première, la plus répandue, est la nécessité de les opposer à l'homme car ce dernier est la créature parfaite, créée à l'image de Dieu. L'animal est donc considéré comme une créature imparfaite à laquelle sont attribuées des caractéristiques morales et symboliques dans le but de l'opposer à l'homme. Ce courant explique donc pourquoi tout élément pouvant rapprocher l'homme de l'animal était proscrit. Il était par exemple interdit de se déguiser en animal ou bien de se lier de quelque manière que ce soit avec un animal (les fauconniers étaient par exemple mal vus). Le bestiaire est précisément le genre littéraire qui attribue des valeurs morales et symboliques à différents animaux. Il connait son épanouissement aux 12ème et 13ème siècles et aura une influence certaine sur son époque. Il sera secondé dans cet exercice par les encyclopédies.
Cette représentation qui date de 1483 illustre bien ce premier courant de pensée car chaque animal dessiné est associé à l'un des sept pechés capitaux.
